L'autre matin, je me promenais sur un chemin récemment découvert.
Tout semblait clair, et je m'émerveillais devant le paysage somptueux. Le cœur rempli de gratitude, je me sentais légère, comme la brise jouant dans mes cheveux.
Le sentier était rectiligne et bien défini. Il n'y avait aucune ambiguïté. Juste un aller-retour.
Plus simple que ça, on ne peut pas.
Pourtant, au fur et à mesure de cette marche, perdue dans mes pensées, sur le chemin du retour, je ne reconnaissais pas tout à fait le sol sur lequel j'avais marché à l'aller. Il m'a fallu un moment pour réaliser que je n'étais pas sur le même chemin qu'à l'aller.
Parfois, on pense être présent, attentif à ce qui se passe, mais en réalité, on est captif de nos pensées.
Ces absences peuvent nous détourner de notre route initiale.
Certes, elles nous font explorer d'autres paysages, mais cette fois-ci, j'avais un rendez-vous que je ne voulais pas manquer et je me retrouvais je ne sais où dans la campagne, sans savoir combien de temps il me faudrait pour rentrer.
J'ai dû choisir entre rebrousser chemin au risque de me perdre davantage ou continuer en faisant confiance à mon sens de l'orientation pour trouver un autre chemin de retour.
À un moment donné, je me suis retrouvée sur un pont qui surplombait le chemin emprunté à l'aller.
J'étais stupéfaite de me retrouver là. J'avais perdu mes repères.
C'est alors que j'ai vu que je pouvais descendre d'un côté du petit pont pour rejoindre le sentier initial.
C'était possible, mais plus périlleux. Je l'ai descendu sur les fesses, freinant avec mes pieds devant moi, car c'était très étroit et pentu. Un mauvais mouvement et je tombais du pont.
Dans la vie, c'est pareil.
On pense être présent pour nos enfants simplement parce qu'on est à côté d'eux.
Mais sommes-nous réellement présents à ce qui se passe ? Ou bien sommes-nous perdus dans nos pensées, au point de ne pas réaliser que nous avons dévié de la route des valeurs que nous voulons vivre avec nos enfants ?
Nous nous retrouvons au bord du pont, prêts à chuter à chaque mauvaise réaction envers nos enfants.
À un moment donné, on est perdu. On ne sait plus quoi faire, comment être, quoi dire...
Plus rien ne semble adéquat et l'enfant, par besoin de sécurité, d'attention et de vraie présence, vient naturellement tester nos zones vulnérables.
Mais comme nous sommes nous-mêmes perdus, l'enfant sent bien qu'il n'y a plus cette sécurité dans laquelle se reposer.
Et c'est la panique qui s'installe sous forme d'opposition, de tests, de cris, de pleurs, de crises...
Au lieu de considérer les réactions de nos enfants comme des problèmes, nous pouvons choisir de nous observer avec honnêteté et voir que souvent, notre état de présence n'est pas de qualité ou ne rencontre pas entièrement les besoins de l'enfant à cet instant.
Et donc, comment le rencontrer ?...
En s'intéressant à lui avec enthousiasme, comme si c'était la première fois qu'on le découvrait.